29 Décembre 2014
Bambou adore les livres d'activités. L'autre jour, elle était dans mes bras et s'amusait à trouver 7 différences entre deux dessins. C'était un chouette moment passé à deux. Comme elle était chez ses grands-parents, je lui ai suggéré de poursuivre cette activité avec sa mamie. C'est alors qu'on lui a dit qu'on ne pouvait pas faire cela dans un fauteuil, qu'il fallait s'installer à une table et "qu'elle avait déjà mieux tenu son crayon". (Parce que c'est sur qu'à trois ans, si on ne tient pas correctement son crayon pour faire des contours, c'est grave. C'est certain aussi que cette petite fille de trois ans est masochiste et que c'est par amour pour la difficulté qu'elle tient son crayon de travers).
Là, j'ai vraiment eu de la peine. Non seulement pour ma petite fille qui se retrouvait à faire des devoirs plutôt qu'à faire une activité lovée dans des bras aimants, mais aussi pour la petite fille que j'ai été et pour la femme que je suis.
2014 n'a pas été une année facile. Nous devions passer ces douze mois à quatre, avec une petite soeur pour Bambou. Plus égoïstement, cette année devait me permettre de plannifier à moyen terme la fin la stagnation, plus ou moins choisie, de ma carrière professionnelle.
Finalement, on a du poursuivre à trois, mon homme, Bambou et moi. Finalement, je me retrouve, à durée indéterminée, sur une voie de garage, dans un poste qui ne me convient pas, où j'ai peu de talents à mettre en avant et où je vois le plafond de verre s'épaissir de plus en plus au dessus de moi.
En septembre, prennant mon courage et ma volonté à deux mains, j'ai décidé de donner un élan à un hobby, qui certes n'est pas hyper valorisé par mon entourage, mais qui me plait depuis que je suis toute petite - enfant, je connaissais les catalogues Laura Ashley par coeur à force de les lire et j'imaginais mille et une mises en scènes.
Quelques personnes m'ont fait confiance (elles ont toute ma gratitude et je m'efforce de ne pas les décevoir). J'ai aussi eu quelques marques de reconnaissance plus institutionnelles : ici, ici , ici ou ici (si minimes qu'elles soient, ces reconnaissances sont très importantes pour moi). Et puis, il y a tous vos commentaires encourageants qui me vont droit au coeur.
Le résultat est souvent inégal. Certains essais sont touchés par la grâce, d'autres sont nettement plus moyens. Evidemment, ces erreurs - douloureuses pour l'égo - me coûtent du temps, souvent un peu d'argent, mais ce n'est pas si grave. J'ai conscience qu'il faut des erreurs et du temps pour progresser. Et, quelle joie et quelle fièrté, lorsque le résultat dépasse mes espérances!
Le doute est toujours présent dans mon travail, mais je pense qu'il est inhérant à tout travail créatif (je réalise à quel point ce qualificatif est pompeux lorsqu'on parle de vases et de coussins). Par contre, le scepticisme et les paroles décourageantes de mon entourage sont souvent toxiques. En général, j'essaie d'éviter de m'y exposer. Je garde mes projets pour moi. Malgré cela, certains commentaires et certaines attitudes néfastes parviennent à filtrer. "Tu couds souvent? (= tu es certaine que tu veux approcher cette machine?), "La cannette est bien mise?", "tu aimes vraiment ça?", "c'est malin d'avoir mis l'année sur ta carte de voeux, tu ne pourras pas en garder pour une autre année", "si tu veux, je t'offre le garnissage" (à propos d'un fauteuil - déclassé - offert par ma soeur pour que je puisse spécifiquement m'entraîner), "inscris toi d'abord à un cours" (sans prendre en comptes les centaines d'heures de recherche et de documentation), "je leur demanderai conseil à eux".
La critique n'est constructive que quand elle est bienveillante.
En 2015, j'aimerais me prouver (dans le sens de me démontrer) que je suis capable d'être là où l'on ne m'attend pas. Aller au-delà de ma zone de confort. Me détacher des étiquettes que l'on m'a attribuées. En 2015, je veux m'autoriser à faire des erreurs, plein d'erreurs. Si quelques unes d'entre elles débouchent en succès, alors je serai heureuse et fière de moi.
En 2015, je veux que ma puce continue à dessiner comme elle l'entend. Couchée sur le canapé si elle le souhaite (elle n'a d'ailleurs jamais dépassé sur le canapé... et la housse est lessivable de toute façon, et puis on s'en fout, c'est pas grave).