Faire croire au Père Noël ?

21 Novembre 2014

Faire croire au Père Noël ou pas (à Saint-Nicolas, à la petite souris ou a la fée des dents tout ça c'est pareil) ?

Il y a plus d'un siècle, Maria Montessori mettait les pieds dans le plat en posant la question dans les termes suivants :

"Dans les pays anglo-saxons, Noël est un vieillard caduc, couvert de neige, qui porte dans un panier énorme les jouets aux enfants, en entrant réellement la nuit dans leur maison. Mais comment ce qui est le fruit de notre imagination pourrait-il développer l'imagination des enfants? Nous seuls imaginons et non eux, ils croient, ils n'imaginent pas. (...) Est-ce la crédulité que nous voulons développer chez nos enfants? (...) C'est nous qui nous divertissons de la fête de Noël et de la crédulité de l'enfant." (Via Alternative Montessori)

Si cette question ne manque pas de pertinence (et c'est précisément pour cela qu'elle pique au vif), j'aime le point de vue de Françoise Dolto qui adoucit les choses.

Dolto dit ceci :

"Les enfants ont beaucoup besoin de poésie, et les adultes aussi. (...) Je crois qu'(on) s'inquiète de ce que l'enfant croie au Père Noël comme si c'était mentir que de lui en parler. Mais un mythe, c'est de la poésie ; et elle a sa vérité aussi. Bien sûr qu'il ne faut pas continuer trop longtemps, ni dire que le Père Noël ne fera pas de cadeaux si l'enfant n'obéit pas aux parents".

Dolto met en garde sur le fait "d'en rajouter" de prendre cette croyance plus au sérieux que l'enfant. "Sinon, dit-elle, dire la vérité est beaucoup plus délicat". Au Moment d'annoncer à l'enfant que le Père Noël n'existe pas, Dolto demande d'expliquer à l'enfant la différence entre un mythe et une personne vivante. Plus loin Dolto dit :

"En tout cas, je ne sais pas si vous, vous croyen encore au Père Noë, mais moi, j'y crois toujours. Lorsque (mon fils) était à la maternelle, il m'a dit un jour "mais comment ç se fait que les Pères Noël, il y en ait tant? (...) Alors je lui ai dit "Mais tu sais, le Père Noël, celui-là, je le conais, c'est Untel" ; c'était un employé d'une maison de jouets (...) Il m'a demandé : "mais alors le vrai". Le Vrai il est dans notre coeur. C'est comme un lutin géant qu'on imagine. Quand on est petit, on est content de penser que des lutins, ou des géants, ça peut exister. Tu sais bien que les lutins ça n'existe pas. (...) Le Père Noël, il n'est pas né, il n'a pas eu de papa, de maman. Il n'est pas vivant ; il est vivant seulemnet au moment de Noël, dans le coeur de tous ceux qui veulent faire une surprise pour fêter les petits enfants. Et toutes les grandes personnent regrettent de ne plus être des petits enfants ; alors, elles aiment bien continuer à dire aux enfants "c'est le Père Noël" (...) (Alors mon fils répond) : alors moi aussi je veux être le Père Noël. - Bien sûr, tu peux être le Père Noël. Nous allons mettre nos souliers, ton Père et moi et tu mettra quelque chose dedans. (...) Plus tard son fils lui dit : "c'est maintenant que je sais qu'il n'existe pas pour de vrai, que c'est vraiment bien, le Père Noël."

Dolto conclut ceci :

"L'imagination et la poésie enfantines ne sont ni crédulité, ni puérilité, mais de l'intelligence dans une autre dimension".

Personnellement, j'aime cette idée de parler de Père Noël et de Saint-Nicolas comme je parlerais de Barbapapa ou du chat botté. Sans les prendre au sérieux et en répondant honnêtement aux questions de mon enfant quand celles-ci surviendront.

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Image crédit : Santa's Toy Shop Walt Disney's Santa's Toy Shop c. 1950, a Little Golden Book